Les théories de la nation.

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Un sapin des Laurentides est aussi universel qu’un cyprès de la côte méditerranéenne.
Gaston Miron.

1 Dissocier comme nous allons le faire la conception ethnique de la conception civique de la nation tient plus de la nécessité didactique que de la fidélité au processus historique. Dans l’univers des idées, les courants de pensées s’entremêlent et s’appuient les uns sur les autres. Il y a donc une relation dialectique entre la définition allemande et la définition française de la nation. Ce qu’on appelle la théorie allemande a été développé à la fin du XVIIIe siècle en opposition à l’universalisme abstrait propagé par les rationalistes français et la philosophie des Lumières, dont la conséquence politique fut l’invasion des États allemands par les armées de Napoléon. Par la suite, à la fin du XIXe siècle, la conception élective de la nation sera théorisée comme réponse philosophique à la conquête de l’Alsace et de la Lorraine par les armées prussiennes. Mais avant d’aborder cette dialectique, voyons comment l’idée de nation s’est mariée à la pensée libérale.

Bref historique de l’idée de nation

  • 1 Roger Martelli, Comprendre la nation, Paris, Éditions sociales, 1979, p. 21.
  • 2 Voir Hans Kohn, The Idea of Nationalism, New York, Macmillan, 1961.
  • 3 Voir Brigitte Krulic, La nation : une idée moderne, Paris, Ellipses, 1999, p. 5.
  • 4 Cité par John Hare, La pensée socio-politique au Québec, 1784-1812, Ottawa, Éditions de l’Universi (...)

Étymologiquement, le mot nation signifie « naissance ». Avant la fin du XVIIIe siècle, il n’a pas de signification politique. Au XIIIe siècle, son emploi désignait « une réunion d’hommes habitant un même territoire1 », celui-ci étant plus ou moins circonscrit. Il apparut dans le discours religieux au concile de Constance (1414-1418), où il signifiait un « groupe qui dispose d’une voix », et la nation allemande groupait tous les délégués de l’Europe orientale de même que la nation anglaise englobait les Scandinaves2. En France, il fut employé par les étudiants de la Sorbonne pour désigner leur lieu de provenance : il y avait les nations de Picardie, de Normandie et de Germanie3. S’il avait alors une connotation communautaire, le mot nation ne faisait pas partie du vocabulaire politique et il était dissocié de la conception de l’État. Cette démarcation est clairement posée par le ministre français Turgot : « Un État est un assemblage d’hommes réunis sous un seul gouvernement, une nation est un assemblage d’hommes qui parlent une même langue maternelle4. »

La nation émergera comme concept politique dans le sillage de la philosophie rationaliste et cette idée deviendra un sous-produit du libéralisme. La nation fut d’abord un concept révolutionnaire. En contestant l’origine divine du pouvoir et en fondant la légitimité de l’autorité politique sur le principe de la souveraineté du peuple, on liait l’exercice du pouvoir au consentement des sujets individuels. La théorie du contrat social élaborée par Locke et ensuite par Rousseau viendra expliquer comment des individus libres et égaux par nature se lient entre eux pour former une puissance politique qui garantit à tous les membres de la communauté la jouissance de leurs biens et l’exercice de leurs droits, dont entre autres le droit de propriété. Cette théorie renverse le fondement de la légitimité du pouvoir souverain, en le ramenant du ciel sur la terre. L’autorité politique n’est plus pensée comme une délégation du pouvoir divin, mais comme une délégation du pouvoir du peuple. C’est le peuple ou l’ensemble des associés qui possède la souveraineté. Souveraineté et démocratie sont dès lors intimement liées : c’est dans la communauté nationale que le peuple peut consentir à se laisser gouverner tout en conservant sa liberté. C’est parce qu’elle procède de l’identité nationale que la volonté générale peut réconcilier les intérêts individuels et collectifs.

  • 5 Emmer de Vattel, Le droit des gens, Paris, J. P. Aillaud, édition de 1835, p. 66.
  • 6 Ibid., p. 95.

Emmer de Vatel, s’inspirant de la doctrine du droit naturel, systématisa les droits du peuple dans un traité intitulé Le droit des gens, publié en 1758 et destiné à « éclairer les nations sur leurs intérêts les plus essentiels5 ». Par analogie, il transpose à la collectivité les principes de liberté et d’indépendance qui s’appliquent à l’individu dans l’état de nature et il soutient que l’ordre entre les nations suppose que celles-ci soient laissées « dans la paisible jouissance de cette liberté », que les États se gardent de s’ingérer dans les affaires des autres États. Cette transposition de la logique libérale de l’individuel au collectif ne s’applique pas seulement au concept de liberté mais aussi à celui d’égalité. Il affirme que les nations sont égales entre elles tout comme les individus sont égaux entre eux : « La puissance ou la faiblesse ne produit à cet égard aucune différence. Un nain est aussi bien un homme qu’un géant. Une petite république n’est pas moins un État souverain que le plus puissant royaume6. »

Dès lors, les peuples ont les mêmes droits et les mêmes obligations.

Le mouvement des idées libérales et la nouvelle philosophie des droits de l’homme qui en émerge trouveront leur incarnation dans la Révolution française. L’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 fonde la souveraineté dans la nation : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

  • 7 Alain Renaut, « Présentation », dans Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Imprimerie nat (...)
  • 8 Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers-État ?, Paris, Presses universitaires de France, 1982, p. 31.

Selon Alain Renaut, l’idée de nation prend avec la Révolution française la forme d’un construit et non d’un donné naturel. C’est une communauté politique bâtie, non sur la base d’un lien naturel, mais sur celle d’un lien contractuel découlant de la liberté individuelle7. Sieyès, dans Qu’est-ce que le Tiers-État ?, a proposé de définir la nation comme « un corps d’associés vivant sous une loi commune et représenté par la même législature8 ». Il y a ainsi assimilation entre la nation et la communauté démocratique, constituée par l’adhésion volontaire au principe du gouvernement représentatif.

  • 9 Cette argumentation est développée par Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée, Paris, Gallima (...)

Cette définition permettait de dépasser le système héréditaire de distribution du pouvoir. Il n’y avait plus ni ordre, ni caste, ni rang, pour justifier un droit particulier, un privilège dans la société. La nation était composée d’individus sans particularités reconnues, égaux devant la loi. La nation, au sens révolutionnaire, déracinait les individus en abolissant les distinctions fondées sur la naissance. Tout individu habitant un territoire pouvait être inclus dans la collectivité nationale. Le droit du sang, de la naissance, était supplanté par le droit du sol9.

Le peuple est souverain selon deux logiques concomitantes. Il a la capacité de déterminer comment il sera gouverné, sous quel régime politique et par qui. Le peuple est souverain parce qu’il est la source de l’autorité politique : il peut ainsi récuser la légitimité d’un pouvoir qui ne dépend pas de sa volonté, qui lui est extérieur et s’impose à lui par la force. L’exercice du pouvoir politique par une puissance extérieure entre en contradiction avec l’autorité du peuple, qui est alors justifié de résister et de lutter contre la domination.

10 Ainsi la philosophie libérale débouche-t-elle sur le nationalisme à travers la théorie de la souveraineté qui servira de fondement à l’élaboration du principe des nationalités au XIXe siècle et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au XXe siècle.

La conception allemande de la nation

11 À cette conception volontariste de la nation, fondée sur l’idée d’un contrat et d’une libre association des individus, les Allemands opposeront celle d’une totalité englobante, où l’appartenance n’est pas fondée sur l’adhésion volontaire, mais sur le lien naturel établi par la filiation. C’est la naissance qui détermine l’appartenance nationale, de sorte que son acquisition ne peut être volontaire : la nationalité est innée et suppose l’existence de prérequis culturels et linguistiques. La langue apparaît comme un des critères de l’identité nationale. Deux philosophes allemands inaugurent cette autre façon de penser la nation : Johann Gottfried Herder et Johann Gottlieb Fichte.

Herder

12 L’œuvre de Herder s’inscrit dans le courant du Sturm und Drang (tempête et assaut) du premier romantisme allemand, dont les plus illustres représentants furent Goethe et Schiller. Herder a publié deux ouvrages importants qui traitent de la nation, Traité de l’origine du langage, paru en 1772, et Histoire et culture : une autre philosophie de l’histoire, paru en 1774.

13 Ce dernier livre est un essai polémique où il attaque les thèses soutenues par Voltaire dans « Une philosophie de l’histoire », qui sert d’introduction à son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. Cette discussion philosophique montre donc que l’histoire de la philosophie n’est pas à l’abri des rivalités nationales. Herder s’attaque aux principes de la philosophie des Lumières. Il veut montrer qu’il n’y a pas une seule interprétation de l’histoire et que celle des philosophes français n’est pas universelle et ne devrait pas être admise comme telle.

14 Il conteste le point de vue rationaliste qui postule un progrès inéluctable dans l’histoire et qui prévoit que le développement des sociétés ira vers le mieux ou de l’imperfection vers la perfection. Il est en quelque sorte un précurseur du postmodernisme en affirmant que le présent et l’avenir ne valent pas mieux que le passé. L’enjeu de ce débat est l’évaluation des sociétés antérieures. Les rationalistes prétendaient qu’avec l’avènement des Lumières l’humanité était sortie des ténèbres du Moyen Âge et que le bonheur était désormais accessible, à la condition qu’on rejette les traditions et les modes de pensée hérités des époques antérieures. Dans leur stratégie hégémonique, les philosophes rationalistes tentaient de jeter le discrédit sur leurs prédécesseurs.

15 Herder pense que ce rationalisme n’a pas de validité transhistorique et transculturelle, que les Français universalisent leur propre réalité et que cette philosophie de l’histoire dissimule une forme d’impérialisme culturel de la France qui veut imposer au monde sa culture et sa langue (le français à l’époque dominait l’Europe des cours). À ses yeux, il s’agit d’une conception particulière de l’histoire et du progrès qu’on ne peut généraliser aux autres peuples.

16 Son projet philosophique consiste à revaloriser le Moyen Âge. Dans cette entreprise, il soutient trois thèses :

  1. À travers les siècles, il n’y a pas de rupture ou de changements qualitatifs. Il y a des constantes qui se retrouvent à toutes les époques.
  2. Il n’y a pas d’époque qui soit meilleure que les autres. Les époques passées et à venir sont d’égale valeur. Le corollaire de cette thèse est qu’il faut maintenir les traditions et les coutumes locales, et non pas les rejeter comme désuètes. La tradition est à son avis le meilleur de ce que l’expérience humaine a accumulé parce qu’elle a survécu aux aléas du temps.
  3. Contrairement aux rationalistes qui fondent l’organisation sociale sur l’individu abstrait, identique dans toutes les cultures, Herder affirme l’existence d’individualités culturelles collectives. L’Humanité n’est pas un ensemble d’individus indifférenciés, c’est au contraire l’ensemble des peuples différenciés par leur culture spécifique.
  • 10 Herder, Traité de l’origine du langage, Paris, Presses universitaires de France, 1992, p. 129.

17 L’être humain n’est pas conçu par Herder comme un être dépouillé de ses particularités. Il est au contraire déterminé par son appartenance à une communauté culturelle particulière, la langue étant le principal facteur de différenciation. Il y a pour lui un lien indissoluble entre la langue et la culture et celles-ci sont transmises par la relation mère-enfant : « Avec le langage est communiqué à l’enfant toute l’âme de ses procréateurs, tout leur mode de pensée... Le nourrisson qui balbutie les premières paroles, balbutie les sentiments de ses parents10. »

18 À l’homme universel, sans racines, sans particularités, il oppose l’homme déterminé par la culture particulière de son origine et de son milieu. Il définit, bien avant Marx, l’homme comme un être social, conditionné par les autres.

  • 11 Louis Dumont, Essais sur l’individualisme, Paris, Seuil, 1983, p. 119.

19 Il considère que la philosophie rationaliste est fausse, parce qu’elle confond ce qui est différent. Elle impose une norme identique à toutes les sociétés. Il met en cause le principe d’universalité parce qu’il contient un projet dominateur. Il cherche au contraire à revaloriser la diversité des cultures et à rendre à chaque nation sa fierté. Il pose l’appartenance à une société concrète comme une condition nécessaire de l’accès à l’universalité. « Chez Herder, toutes les cultures sont posées comme égales en droit. Les cultures sont vues comme autant d’individus égaux malgré leurs différences, les cultures sont des individus collectifs11. » C’est la nature qui crée les nations et le propre de la nature, c’est la diversité. Il ne donne toutefois pas de signification politique au principe de la diversité culturelle.

Fichte

20 Fichte était professeur de philosophie à l’Université de Berlin. Il écrit ses Discours à la nation allemande après la défaite d’Iéna alors que les troupes françaises occupent Berlin. Ainsi, ce que Herder avait imaginé prenait une forme concrète ; l’universalité de la philosophie française servait de caution à une entreprise de conquête militaire. L’écriture des Discours sera soumise aux effets de cette conquête, puisque pour déjouer la censure Fichte devra déguiser sa pensée en lui donnant la forme d’une réflexion pédagogique.

21 Mais Fichte n’est pas le continuateur de Herder, il s’en démarque sur plusieurs points. D’abord, il admire les philosophes français et reprend à son compte leur postulat voulant que la liberté soit l’essence de l’homme. Il prend parti pour la Révolution française. À la différence de Herder qui soutenait les particularismes locaux, Fichte accepte le principe d’universalité, mais il refuse aux Français de pouvoir seuls l’incarner. C’est la nation allemande qui pourra réaliser le triomphe de l’universel. Il faut ici souligner que Fichte s’adresse à la nation allemande, ce qui était en soi un défi lancé aux partisans des particularismes, qui justifiaient le maintien d’une multitude d’États allemands. À cet égard, Fichte peut être considéré comme le précurseur du pangermanisme :

  • 12 Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Aubier-Montaigne, 1975, p. 62-63.

Je parle pour les Allemands, rien que pour les Allemands, et je leur parle d’Allemands, rien que d’Allemands, en méconnaissant, en laissant de côté, en rejetant toutes les distinctions brûlantes que de malheureux événements ont créées depuis des siècles dans une seule et même nation12.

22 Il ne suit pas non plus Herder sur le chemin de l’égalité des cultures. Il cherche à montrer que la nation allemande est supérieure aux autres parce qu’elle est la plus pure, la plus primitive, c’est-à-dire la plus près de ses origines, et qu’elle s’incarne dans le peuple. Il oppose cette pureté culturelle à la culture française qui, à ses yeux, est élitiste, c’est-à-dire fondée sur un clivage culturel entre le peuple et les élites. Il comparera les structures des langues française et allemande pour démontrer la supériorité de la langue allemande.

23 Dans les 4e et 5e Discours, Fichte décrète le déclin du génie français. Il l’explique par la nature dérivée de la langue française. Il estime que du point de vue ethnographique, les Français sont des Germains. Il les appelle d’ailleurs « nos compatriotes émigrés ». Mais ce sont des Germains qui ont mal tourné parce que leur langue originelle a été corrompue par le latin. Le français n’est pas une langue pure, c’est une langue dérivée, c’est du latin déformé, tout comme l’anglais qui est aussi une langue métissée. Il explique par cette nature dérivée de la langue les traits particuliers de la culture française qui est superficielle et frivole, axée sur le divertissement et la recherche des belles formes, de la préciosité. Il soutient qu’en France il y a un divorce entre la culture et la vie pratique, entre les classes aisées et les milieux populaires, alors qu’en Allemagne la culture émane du peuple et qu’elle s’inspire des traditions populaires. Mais Fichte présente « ces défauts de caractères » comme des effets de la nature dérivée de la langue et non pas comme des traits relevant de la race, puisque les Allemands et les Français ont la même origine ethnique.

24 Pour lui comme pour Herder, le caractère, le tempérament de chaque peuple est donné une fois pour toutes, il n’est pas sujet à changement et cet état psychologique, cette âme collective s’explique par la nature de la langue. Seules les langues « primitives » peuvent engendrer une culture authentique et une aptitude à la réflexion philosophique. C’est le cas du latin et de l’allemand.

25 Seuls les Allemands peuvent prétendre à l’universalité, parce qu’ils sont restés fidèles à leurs origines et qu’ils peuvent réconcilier patriotisme et cosmopolitisme. Ils n’ont pas été corrompus par les influences extérieures et n’ont pas imité l’étranger.

26 L’importance accordée à la langue comme facteur de cohésion nationale s’explique chez Fichte par l’absence même d’État national. C’était la langue allemande qui unissait le peuple allemand au-delà des découpages territoriaux et du fractionnement des souverainetés.

27 Dans le 8e Discours, Fichte développe une explication psychologique de l’attachement à la nation. Il attribue à la conscience de la finitude individuelle l’attachement à la communauté nationale parce que la nation permet à l’individu de durer au-delà de la mort, elle assure la pérennité du moi.

  • 13 Ibid., p. 171-172.

« La croyance de l’homme noble à la durée éternelle de son œuvre sur cette terre repose donc sur l’espoir de la durée éternelle du peuple dont il est issu lui-même... Sa foi et son aspiration à créer l’impérissable, sa manière de concevoir sa vie personnelle comme une vie éternelle, tel est le lien qui rattache chacun de nous à sa propre nation d’abord et par son intermédiaire à tout le genre humain13. »

28 La patrie et le peuple sont les représentants et les garants de l’éternité sur terre parce qu’ils transcendent la vie individuelle tout en la représentant, en la conservant sur le plan symbolique dans l’identité nationale qui suppose la reproduction dans le temps des caractéristiques culturelles de la collectivité.

29 On pourrait résumer ainsi les caractéristiques de la nation selon Fichte :

  1. La nation est un phénomène naturel.
  2. Une nation est fondée sur l’usage d’une langue commune.
  3. La nation allemande est la nation par excellence parce qu’elle s’appuie sur une langue primitive qui n’a pas été altérée par des apports extérieurs, cette authenticité de la langue favorisant la créativité et la puissance d’innovation d’un peuple.
  4. La langue est le facteur de la cohésion nationale.
  5. L’éducation est la forteresse de la nation car elle transmet la langue et les valeurs culturelles et éveille le patriotisme.
  6. L’unité linguistique doit mener à l’unité politique et à l’indépendance de la nation : « Il n’y a pour moi aucun doute. Lorsqu’une langue séparée se forme, il y a une nation séparée qui existe, qui a le droit d’être indépendante et de se gouverner elle-même14. »

3 0Fichte est ainsi le précurseur de la formation de l’État national allemand.

La conception civique de la nation : Renan

31 À la suite de la conquête de l’Alsace et de la Lorraine par les armées allemandes en 1870, au nom de l’unité culturelle et linguistique, Ernest Renan amorcera une réflexion sur le sens de la nation et proposera une théorie de la nation civique. Cette annexion forcée de provinces qui étaient juridiquement françaises, mais où vivaient des citoyens qui parlaient une langue germanique, l’obligera à remettre en cause sa perception de l’Allemagne, car jusqu’à la guerre de 1870 il avait été partisan d’une alliance franco-allemande. « J’avais, écrit-il, fait le but de ma vie de travailler à l’union intellectuelle, morale et politique de l’Allemagne et de la France. » Les événements l’obligeront à changer de point de vue et à s’attaquer à la conception ethnique de la nation qui avait inspiré l’offensive militaire de Bismarck. Il systématisera ses réflexions dans une conférence prononcée à la Sorbonne, le 11 mars 1882, qui s’intitulait « Qu’est ce qu’une nation ? ».

32 Renan cherche à définir des critères fiables et universels légitimant l’existence des frontières entre les nations. Sa problématique est la suivante : comment distinguer entre un groupement humain qui constitue une nation et un autre qui n’en est pas une ? Il passe alors en revue une série de principes qui peuvent être évoqués pour justifier les distinctions nationales : l’origine ethnique, la géographie, la langue, la religion, la communauté d’intérêts.

33 La nation peut-elle se constituer sur une base raciale ?

34 Dans une lettre à son collègue allemand Strauss, Renan dissociait nettement sa conception civique, ou politique, de la nation de la conception raciale de la nation :

  • 15 Lettre à Strauss, 15 septembre 1871, in Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation ? et autres essais p (...)

Notre politique, c’est la politique du droit des nations, la vôtre, c’est la politique des races ; nous croyons que la nôtre vaut mieux. La division trop accusée de l’humanité en races, outre le fait qu’elle repose sur une erreur scientifique, très peu de pays possédant une race vraiment pure, ne peut mener qu’à des guerres d’extermination [...] analogues à celles que les diverses espèces de rongeurs ou de carnassiers se livrent pour la vie15.

35 Cette analyse allait s’avérer prémonitoire des deux guerres mondiales.

36 Il tente de montrer par une série d’exemples qu’il ne peut y avoir de nation qui soit pure sur le plan ethnique. Il avance comme premier argument que les nations n’ont pas toujours existé, qu’elles sont une nouvelle forme de regroupement des individus qui a été précédée par d’autres types de communautés, comme les tribus, les cités, les empires. Les groupements humains sont le fruit de l’histoire et ne dépendent pas de caractères morphologiques. Il y a eu dans le passé, à la suite de vagues successives de conquêtes et d’invasions, mélange de populations : ceux qui envahissent un territoire sont en principe moins nombreux que ceux qui y résident et ils ont tendance avec le temps à s’intégrer à la population conquise, principalement en raison du manque de femmes. Ainsi, la France n’est pas le pays de l’ethnie des Francs, car ceux-ci furent très peu nombreux à s’y établir et ceux qui le firent ne se distinguaient guère de la population locale au bout de deux ou trois générations. Renan montre que les frontières de l’Europe au Moyen Âge n’avaient rien d’ethnographique et qu’elles résultaient des guerres et des invasions. Les peuples sont formés de gens de diverses origines :

  • 16 Ibid., p. 46.

La France est celtique, ibérique, germanique. L’Allemagne est germanique, celtique et slave. L’Italie est le pays où l’ethnographie est la plus embarrassée. Gaulois, Étrusques, Pélasges, Grecs, sans parler de bien d’autres éléments, s’y croisent dans un indéchiffrable mélange16.

  • 17 Ibid., p. 48.

37 L’idée allemande qui fonde la nation sur un groupe primitif est une chimère, elle n’est pas conforme à la réalité historique. Le critère de l’origine commune ne peut donc pas servir à délimiter les nations en Europe : « La race [...] n’a pas d’application en politique [...] les premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé17. »

  • 18 Ibid., p. 50.

38 Est-ce que les frontières politiques doivent coïncider avec les frontières linguistiques ? Renan reconnaît que la langue commune est un facteur d’unité et que parler la même langue renforce le sentiment d’appartenance, mais ce n’est pas une nécessité absolue. Il cherche ici à réfuter l’argument principal des Allemands qui justifiaient leurs prétentions sur l’Alsace et la Lorraine par le fait que les habitants de ces provinces parlaient des patois germaniques. Il ne s’étend pas très longuement sur le facteur linguistique. Il raisonne a contrario, c’est-à-dire que, au lieu de montrer que ce critère ne correspond pas à la réalité de l’Alsace-Lorraine, il rappelle d’une part qu’il y a des États multilingues, comme la Suisse, et d’autre part qu’il y a des pays séparés où l’on parle la même langue, comme c’est le cas pour les États-Unis et l’Angleterre, ou encore les différents pays de l’Amérique latine. Encore là, c’est le principe de la diversité des nations qui alimente son argumentation, de sorte que si la langue peut être un critère distinctif d’une nation, l’homogénéité linguistique n’est pas une condition nécessaire de la formation de la nation. Il a toutefois de la difficulté à valider son principe de diversité dans le cas de la France et de l’Allemagne où il est forcé de reconnaître qu’il y a homogénéité linguistique. Il soutient que celle-ci résulte d’un processus historique et que la Prusse n’a pas toujours parlé allemand puisque le prussien, une langue slave disparue, était jadis parlé sur ce territoire. Mettant lui-même en pratique le principe de l’oubli, il prétend que la France n’a jamais cherché à obtenir l’unité linguistique par la coercition : « Un fait honorable pour la France, c’est qu’elle n’a jamais cherché à obtenir l’unité de la langue par des mesures de coercition18. » On peut douter que cette thèse reçoive l’assentiment des Bretons, des Basques et des Corses. Il veut surtout montrer que les Alsaciens peuvent être français même s’ils parlent une autre langue :

  • 19 Ibid., p. 51.

N’abandonnons pas ce principe fondamental que l’homme est un être raisonnable et moral avant d’être parqué dans telle ou telle langue, avant d’être un membre de telle ou telle race, un adhérent de telle ou telle culture. Avant la culture française, avant la culture allemande, il y a la culture humaine19.

39 Autrement dit, l’universel prime sur le particulier.

40La religion peut-elle servir de base à la constitution des nations ?

41 Renan rejette aussi ce critère même s’il reconnaît que cette relation entre nation et religion a eu des fondements historiques à Athènes et à Sparte. Conformément à l’esprit républicain, il soutient que dans les sociétés modernes la religion est du domaine privé, elle relève de la croyance personnelle. Le principe de la liberté de conscience interdit donc à l’État d’imposer la même religion à tous ses citoyens. Cette logique républicaine n’est toutefois pas universelle, car il y a de nombreux États qui ont adopté une religion officielle, comme c’est le cas de certains pays musulmans.

  • 20 Ibid., p. 53.

42 La théorie des frontières naturelles a joué un rôle important dans la délimitation des nations parce que ces frontières ont facilité la défense du territoire et inspiré les stratégies militaires. Mais il faut reconnaître que les limites d’une nation ne peuvent être dictées par des accidents topographiques. Les chaînes de montagne ne sauraient découper les États. « Non, ce n’est pas la terre plus que la race qui fait une nation20. » Le coins des fleuves, le relief des montagnes ne sont pas des critères pertinents pour définir une nation car il y a des nations qui sont traversées par des frontières naturelles et qui demeurent unies, d’autres qui existent sans frontières naturelles, comme la Belgique ou la Hollande, et il y a quelques cas, plus rares, de nations qui regroupent des territoires non contigus, comme c’est le cas pour les États-Unis.

43 Renan pense aussi que la communauté d’intérêts n’est pas non plus un critère suffisant pour faire une nation. L’intérêt peut lier les hommes entre eux, mais par définition les intérêts sont changeants et diversifiés, alors que la nation doit être durable.

  • 21 Ibid., p. 53.

44 « Une nation est un principe spirituel, résultant des complications profondes de l’histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol21. »

  • 22 Ibid., p. 54.

45 Tous les critères discutés précédemment sont insuffisants pour justifier l’existence d’une nation Ce sont des conditions non essentielles. Ce qui constitue la nation, c’est e désir de vivre ensemble, le vouloir-vivre collectif, et celui-ci s’appuie sur le passé vécu en commun et sur le présent. Les deux ingrédients essentiels de la nation sont le partage de souvenirs communs et la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu : « La nation [...] est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouement. [...] avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple22. »

46 Renan pense que les épreuves vécues par une collectivité et les sacrifices consentis pour assurer la survivance du groupe sont des ferments indispensables de l’identité nationale parce qu’ils renforcent le sentiment de solidarité :

  • 23 Ibid., p. 54-55.

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie23.

47 Cette définition pose le principe du consentement, de l’adhésion volontaire comme fondement de la nation. L’appartenance nationale est affaire de volonté individuelle et se manifeste quotidiennement par notre participation à la vie collective. À titre de citoyens, nous acceptons implicitement d’être membres de la nation. Mais Renan est bien conscient que sa métaphore du plébiscite de tous les jours ne peut être systématique : « Aucun principe, dit-il, ne doit être poussé à l’excès, » Le contrat d’association qui lie les individus en nation ne peut être remis en cause à tout moment. Renan pense toutefois qu’on devrait avoir recours à l’idée de consentement par le plébiscite lorsqu’il y a des conflits ou des contestations de frontières entre deux États qui se disputent un territoire ou l’allégeance de ses habitants. Il préfère l’usage des référendums à l’usage de la force pour déterminer l’appartenance nationale des populations.

  • 24 Ibid., p. 42.

48 Renan plaide pour la reconnaissance de la diversité d’origine des nations. Il veut montrer qu’il n’y a pas une seule cause à la formation des nations, que chaque nation est créée par une dynamique particulière. Il illustre cette thèse par l’exemple de la France qui a été constituée par l’action centralisatrice de la dynastie des Capétiens, alors que la Hollande, la Suisse et la Belgique ont été créées par la volonté directe des provinces. Mais au-delà des facteurs spécifiques ou des contingences historiques, il y a une variable essentielle qui doit jouer dans tous les cas, c’est la nécessité d’une vision mythique du passé. Comme la violence est un ingrédient inévitable des processus historiques, l’oubli du passé est indispensable au maintien de l’unité nationale. Renan soutient paradoxalement que l’histoire peut être nuisible à la formation de la conscience nationale et que tout nationalisme repose sur une mystification : « [...] l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun et aussi que tous aient oublié bien des choses24. » Ainsi, la conscience nationale française doit occulter les massacres des Albigeois au XIIIe siècle ou encore la Saint-Barthélemy, tout comme la construction de l’identité nationale canadienne tente d’occulter la déportation des Acadiens, la Conquête de 1759 et la répression des rébellions de 1837-1838.

49 Renan reconnaît que les nations n’ont pas toujours existé et qu’elles seront peut-être intégrées un jour dans des unités politiques plus vastes, telle une confédération européenne, mais il défend le principe des nationalités parce que les nations sont garantes de la liberté et que celle-ci serait menacée si le monde était uni sous une seule loi. La diversité enrichit l’humanité.

La nation sociopolitique : Michel Seymour

50 Les deux définitions classiques que nous venons de décrire sont trop dichotomiques pour coller à toutes les réalités que recouvre le phénomène national. La nation étant un phénomène d’autoreprésentation, il en résulte une multiplicité de formes qui reflètent les contextes particuliers où se trouvent certains peuples. Pour être systématique, il faut donc introduire une troisième définition qui tienne compte de situations intermédiaires où se trouvent des groupes nationaux qui ne sont ni des nations ethniques ni des nations civiques, c’est-à-dire qui ne possèdent pas d’État souverain et qui ne se perçoivent pas non plus comme des minorités ethniques au sein d’un État-nation dominé par une autre nationalité. Cette situation correspond au cas des Québécois, des Écossais, des Catalans, des Corses, des Basques, etc.

  • 25 Voir La nation en question, Montréal, L’Hexagone, 1999.

51 Pour illustrer ce phénomène, nous ferons appel à la conception de la nation du philosophe québécois Michel Seymour25. Cette conception a été élaborée dans le contexte de l’échec de l’accord du lac Meech qui visait à reconnaître constitutionnellement le Québec comme société distincte. Cette réforme constitutionnelle n’a pas passé le test du nationalisme canadien. Seymour tente de contrer les effets pervers de la définition civique de la nation canadienne qui exclut la reconnaissance de la nation québécoise. Il propose un concept qui transcende le caractère mutuellement exclusif des deux précédents. Sa vision amalgame les critères suivants : une différenciation culturelle sur une base linguistique, le contrôle d’un territoire qui délimite un contexte de choix spécifique et la disposition d’institutions politiques qui exercent l’autorité et balisent la citoyenneté. Le concept de nation sociopolitique combine des variables qui renvoient à la composition sociologique du groupe et à sa dimension politique, c’est-à-dire le fait que ce groupe constitue une communauté politique dotée d’institutions propres.

  • 26 Ibid., p. 100.
  • 27 Michel Seymour, Nationalité, citoyenneté, solidarité, Montréal, Liber, 1999, p. 163.

52 Le facteur linguistique est ici primordial, mais il présuppose que le groupe linguistique forme une communauté et que celle-ci ait une histoire particulière. La langue seule est insuffisante car cette communauté doit aussi posséder une culture spécifique qui résulte d’une expérience historique unique. Il faut que cette communauté ait l’exclusivité de cette expérience : « Il faut qu’elle constitue dans le monde entier le plus important échantillon d’une communauté linguistique partageant la même histoire et la même culture26. » Ensuite, ce type de nation suppose que cette communauté linguistique distincte soit majoritaire sur un territoire donné dont elle constitue la majorité nationale. Comme le concept de majorité implique celui de minorité, dès lors le territoire national peut être habité par d’autres groupes linguistiques, qui peuvent constituer soit des minorités nationales, soit des minorités culturelles, ce dernier concept désignant les communautés issues de l’immigration. Une minorité nationale est l’extension sur un territoire contigu d’une majorité nationale voisine. « Il s’agit d’un échantillon de population ayant des traits culturels spécifiques que l’on trouve à proximité du heu où se trouve le principal échantillon de population ayant ces traits spécifiques27. » Le concept de nation sociopolitique englobe alors dans une même communauté politique plusieurs nations : une qui est majoritaire sur le territoire et les autres qui sont minoritaires. Il peut même arriver que deux nations majoritaires cohabitent sur le même territoire, comme c’est le cas des nations québécoise et canadienne au sein de l’État canadien ou encore des nations québécoise et autochtones dans le cas de l’État québécois.

  • 28 Alain Renaut, « Présentation », dans Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Éditions de l’ (...)

53 Cette définition contient un projet politique dans la mesure où elle justifie la reconnaissance du Québec comme nation distincte au sein d’un État multinational canadien, de même qu’elle implique la reconnaissance du statut de nation avec des droits conséquents aux autochtones et aux anglophones du Québec dans un État multinational québécois, advenant l’indépendance du Québec. Une communauté peut ainsi accéder au statut de nation sans nécessairement posséder la souveraineté politique, ce qui distingue la conception sociopolitique de la conception civique de la nation. Elle se démarque aussi de la nation ethnique car la communauté linguistique ne coïncide pas avec un État-nation. En concevant l’existence de la nation sans son incarnation étatique, Seymour nous ramène en quelque sorte à la vision fichtéenne de la nation. S’il faut en croire l’interprétation d’Alain Renaut, ce dépassement des concepts ethniques et civiques de la nation dans l’ébauche d’une troisième conception « corrigeant les insuffisances symétriques des deux précédentes28 » se trouve aussi chez Fichte.

54 Quoi qu’il en soit, le modèle de la nation civique ne se retrouve nulle part à l’état pur dans le monde réel, car les États qui s’en réclament se montrent très soucieux de promouvoir et de protéger leur différence culturelle. À l’ère de la mondialisation, la préservation de la différence culturelle est devenu un enjeu des relations internationales et certains États veulent faire reconnaître la clause de l’exception culturelle dans les négociations commerciales multilatérales afin de protéger leurs produits culturels et de préserver leur identité.

"Pour comprendre le nationalisme au Québec et ailleurs " | Denis Monière.

Source : https://books.openedition.org/pum/15557?lang=fr

Notes

1 Roger Martelli, Comprendre la nation, Paris, Éditions sociales, 1979, p. 21.

2 Voir Hans Kohn, The Idea of Nationalism, New York, Macmillan, 1961.

3 Voir Brigitte Krulic, La nation : une idée moderne, Paris, Ellipses, 1999, p. 5.

4 Cité par John Hare, La pensée socio-politique au Québec, 1784-1812, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977, p. 45.

5 Emmer de Vattel, Le droit des gens, Paris, J. P. Aillaud, édition de 1835, p. 66.

6 Ibid., p. 95.

7 Alain Renaut, « Présentation », dans Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Imprimerie nationale, 1992, p. 13.

8 Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers-État ?, Paris, Presses universitaires de France, 1982, p. 31.

9 Cette argumentation est développée par Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée, Paris, Gallimard, 1987, p. 22-23.

10 Herder, Traité de l’origine du langage, Paris, Presses universitaires de France, 1992, p. 129.

11 Louis Dumont, Essais sur l’individualisme, Paris, Seuil, 1983, p. 119.

12 Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Aubier-Montaigne, 1975, p. 62-63.

13 Ibid., p. 171-172.

14 Cité par Anthony Birch, Nationalism and National Integration, Londres et Boston, Unwin Hyman, 1989, p. 19.

15 Lettre à Strauss, 15 septembre 1871, in Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation ? et autres essais politiques, Paris, Presses Pocket, 192, p. 157.

16 Ibid., p. 46.

17 Ibid., p. 48.

18 Ibid., p. 50.

19 Ibid., p. 51.

20 Ibid., p. 53.

21 Ibid., p. 53.

22 Ibid., p. 54.

23 Ibid., p. 54-55.

24 Ibid., p. 42.

25 Voir La nation en question, Montréal, L’Hexagone, 1999.

26 Ibid., p. 100.

27 Michel Seymour, Nationalité, citoyenneté, solidarité, Montréal, Liber, 1999, p. 163.

28 Alain Renaut, « Présentation », dans Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Éditions de l’Imprimerie nationale, 1992, p. 42.

 

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